Accueil Philippe Bériou

Le récit de la Moussaillade, vu par J.P. Arbouet

Cliquez pour agrandir
Arbouet Jean-Pierre

Et voilà 37 ans plus tard nous nous sommes retrouvés…

J’aime bien cette idée du battement d’aile d’un papillon... Un mail envoyé au monde sidéral d’Internet, puis renvoyé par Jo F. quelque part dans le Pacifique. Un site se cré avec des souvenirs qui remontent à la surface comme une épave longtemps endormie. Philippe V. et Gérard D. sur la Barcasse du Chercheur de Mémoire, en exhument quelques brides. Puis Claude M. trouve le parchemin avec le nom des mousses de la 2ème Cie 70-71. Ils ne manquent plus que les matricules, les contacts et les destins, voilà ce qui m’intéressent, que sont ils devenus ces jeunes rêveurs tous excités ?..

A quatre sur les testicules de Belloche jusqu’à ce qu’il siffle la Marseillaise, sont ils là quelque part ? Père ou grand père épargnés ou cicatrisés par la vie?  Jouissant d’une bonne vie professionnelle ou peut être encore dans la marine, est ce possible et à quel grade ?...

Nos deux enquêteurs au prénoms socialement prédestinés    Gérard-Philipe   projettent une rencontre elle sera trés vite nommée Moussaillade par Gérard. En 2007 affirme Gérard le Renard Dénicheur de destin, qui a déjà fait de sa vie un Roman. Trop tôt lui dis je, certains ce réveilleront après et cela serait dommage. Mais je sous estime nos deux fins limiers, le filet est lancé aux quatre coins du Monde, et la pèche est bonne. Les dauphins ont été bien engraissés (à part Jean Charles D.) Certains hélas remontent dans nos mémoires nostalgiques, le ventre en l’air, mais nous-mêmes ne sommes nous pas passés tout près de la cruelle faucheuse.

Retrouvailles de quelques uns sur le perron du cercle des Officiers Mariniers, qui es tu ? Oui je te reconnais, seulement ton nom…..quelle escouade ? et tu as fait quoi ? et moi voilà…..

Premières photos sur les marches, puis pour délier les langues le pot d'acceuil offfert avec la cagnotte par Philippe, super notre trésorier...

Notre capitaine Jean Rebeyt-Degat arrive 37 ans après, qui l'u crut, pas moi surtout quand j’ai ouvert voici trois ans ces archives. Son émotion est palpable, il cherche à nous reconnaître.

Jean Charles D. ne te souviens-tu pas que énervé par mon insolence, tu m’as tenu sous l’eau afin de montrer tes capacités de futur nageur de combat sur celle du futur nageur sauveteur de Hossegor. Et toi Serge tu ne te souviens pas des épisodes du jeu de dame ou invariablement j’avais le dessus et parfois nous retournions le jeu pour corser la difficulté. Non ils ne se souviennent pas trés bien. Ainsi chacun de nous à un puzzle de la mémoire collective. Après quelques verres, quelques  accolades et un chant basque « Bagare » (traduction : nous sommes) nous voici en bas de la rue du Cercle de la Marine devant une bonne table et, assis à côté de la perle tahitienne de notre ami Dany M.

Samedi matin, le grand jour,  nous voici devant la porte du CIN. C’est donc là dans la guérite Porte Nord que j’ai compris, dans le froid et sous la bruine bretonne,  pendant mes quarts de 2 à 4 ou de 6 à 8 qu’il y avait sûrement mieux à faire dans sa vie….

Nous montrons patte blanche puis sur le parking nous réceptionnons avec joie nos badges et nos chemisettes… elle me va bien…j’avais choisis le blanc couleur de la fête à Bayonne  et, de nos tenues de nos belles années passées dans l'Océan Pacifique, j’aurais voulus pour tous cette communion, mais les organisateurs n’ont pas suivis mon idée sauf pour le jour suivant…

Les bâtiments n’ont pas changés…. Un grand carré toujours propre-net, la bas nous courrions pour aller à droite au réfectoire, à gauche nous courrions pour aller aux salles de cours, après nous courrions pour gagner quelques minutes dans les bannettes ou au foyer…. Bon ok….aujourd’hui pour la première fois depuis plus de trois décennies on va faire cela en marchant pour apprécier les lieux et la quiétude du week end…. Encore que nos quatre officiers mariniers  présents Dubois, Boulic, Coste et Sassower ne se feraient  pas prier pour nous mettre en colonne couvrez par Escouade.

Bon, ce qui a changé ce sont les Maîstrancières qui nous accueillent, un peu pâlottes à mon goût, mais à trois jours de ma 53ème on ne va pas faire le difficile.

Nous voici  au pieds des marches, et nos supérieurs au faîte, en effet chassez la hiérarchie elle revient au gallon…

Bon j’appelle quand même notre ancien Capitaine de compagnie afin qu’il rejoigne avec nos 3 officiers supérieurs J.T.  Siméon, P. Guilbaudeau et J.C. Doumenc  , Gérard et Philippe…. Voilà c’est mieux, Jean Thiérry et Patrick ainsi que Jean Charles sont les 3 officiers supérieurs de notre promotion, ils ont gravi tous les échelons possibles avec succés.....

Nous avions ainsi devant nous l’avenir qui nous était promis si seulement nos neurones s’étaient entendus pour ramer dans le même sens…Ce n’est pas tous les jours que l’on a devant soi l’un de nos destins personnifiés…On peut le regarder, le toucher, lui dire bonjour et même lui demander nos impressions… C’est grâce à J.T. Simeon que les portes de notre passé et celles du CIN se sont ouvertes…remercions le et souhaitons pour l’honneur de notre Cie, qu’il aille encore plus haut…il y a quoi en haut ? les étoiles !

Un mousse de la 2eme Compagnie avec des étoiles, quel symbole de réussite magnifique.

Après l’accueil des Maîstrancières au son des sonneurs du Bagad de Lann Bihoué, puis du discours d’accueil nous voici prét pour la première photo de groupe, comme toujours j’évite le centre et je reste « Bord-ligne » derrière une rangée de Maîstrancièrs…

Nous partons dans notre bâtiment à la recherche du temps perdus et de nos piaules…

Le foyer était à droite je te dis…tu crois ?…oui… oui…. il a raison…. Les chambrées ont changées…ils ont enlevés les petites cloisons sûrement à cause des filles….enfin les couloirs sont déjà là et, dans un mirage, j’ai cru voir un instant une inspection de sac, et Bizet qui faisait des pompes…en disant « c’était la vie de château heureusement que cela n’a pas duré 37 ans ».

Le réfectoire à d’abord changé de lieux, c’est à présent un self service et les odeurs se sont évaporées, les chariots roulants ont disparus et les gars ne chantent plus avec un boucan d’enfer rythmé par les verres sur les tables « en descendant la rue d’Alger »….

Nous traversons la cour vers les salles de classes… c’est à dire mon deuxième dortoir…discussions afin de définir les salles de classes…la dixième est là et nous en sommes sur…pendant que certains prennent la pause studieuse en essayant de caser (sauf Jean Charles) leur ventre entre chaise et bureau…je fais une belle démonstration de sieste les bras croisés…activité longuement « conjuguée » au passé, présent et futur qui me vaut se teint si jeune…

La visite continue….

Je discute avec une Maistrancière, la plus jolie celle de droite, avant je n’aurais pas osé, j’ai donc fais des progrès. Elle m'explique qu'ils sont 250 dans leur 2ème compagnie et pour six mois seulement. En 1970 on formait un simple Mousse en un an.  Elle a choisi d'être infirmière comme 27 camarades, chez elle tous les hommes sont dans la Marine donc.

Je lui dit que je pars en Australie tous les hivers….(enfin j’espère) et que je lui souhaite qu’elle profite de sa jeunesse jusqu’à 35 ans…puis…j’aurais au moins toujours de l’humour et une pèche d’enfer pendant qu’elle m’accompagnera pendant quelques années vers mon  dernier arc en ciel….elle va réfléchir…

Puis nous arrivons dans la grande salle Richelieu, elle ne  nous était pas familière sauf en mars 1971 pour la remise des prix …elle me semblait plus petite…bien sur nous étions 180 plus les autorités…. Tous bien rangés… alors que maintenant cela rentre cela sort…tout en mitraillant de pixel ce magnifique musée....

Photos des Escouades…tout le monde se prête au jeu….avec le manuel dépoussiéré…on retrouve son canon préféré et on reprend la pause…

Pique nique…après quelques Kilomètres Roger B. toujours dans la Marine, s’est occupé de l’organisation, pour le site, les tables et les chaises. Il y a peu de vin et de la bière, mais des cubi arrivent comme par magie et tout le monde trouve son compte. En fait c’était peut être tactique pour ne pas que l’on n’arrive pas à la commémoration de l’après midi en chantant des chansons grivoises. Ils sont très forts en étude et compréhension de l’humain Philippe et Gérard. Je fais en sorte de rameuter du monde à la fin du pique nique pour ranger tables, chaises et victuailles…. cela est fait en à peine quelques minutes.

Une chose étrange c’est passé à la fin du pique nique…un ancien je ne me souviens qui… m’a demandé si j’étais Capitaine de Frégate !!! alors je n’ai pas compris si il parlait sérieusement…n’aurais donc pas lu ma bio.. ou si…. il avait beaucoup d’humour….peut être a t’il était impressionné comment par mes consignes de rangements tout le monde s’est mis au travail…en tout cas dans mon association à Hossegor c’est tout de même moins efficace….

Alors ne sachant pas si il plaisantait je lui expliqué qu’il n’était pas trop loin. J’ai juste terminé quartier maître simple…c’est mieux que fanny… et en comptant mousse  c’est une progression de trois grades…. En juste deux ans… c’est quand même moi qui ai eu tous les grades le plus rapidement…!!!!

Après midi commémoration…. Avec des anciens marins et anciens marins combattants  à la pointe Saint Mathieu…il faisait beau avec une petite brise… Pourtant les filles couleur farine qui composaient la garde d'honneur  tombaient comme des mouches…impressionnant et inquiétant tout de même en cas de crise majeur, après cinqminutes de garde à vous.

Un ancien est venu discuter avec moi un peu aigri Son père avait disparu à Mers el Kebir. Mais aucune reconnaissance, pourtant je reviens chaque année me dit-il. La Marine n'a plus les moyens, une petite vedette de la Gendarmerie pour jeter une gerbe aux morts en Mer, même pas un porte avions, puis deux Etendards sont passés à notre verticale et il s’est calmé….

Ah oui… petit détail…j’ai remarqué que la cravate Trafalgar avait disparu de la tenue des marins…Explications…la période deuil est elle terminé…ou est ce juste pour les commémorations…

Soirée du Samedi….

Les cravates sont là…de belles toilettes aussi de la part des dames…mais dans l’ensemble ambiance décontracté…au moins pour moi car j’ai choisis le short blanc des colonies…au moins je serais à l’aise…

Après le discours de notre ancien Capitaine de compagnie le LV Reybet Dégat et de  Philippe je demande à prendre la parole pour remercier collectivement les instructeurs de mon prix de camaraderie. Je n’avais pas pu le faire il y a trente sept ans…c’est sûrement ce prix qui est à l’origine du site souvenir agitateur de mémoire….

Il faut parfois briser cette hiérarchie… en proposant à chacun de s’exprimer… c’est ce que j’aurais aimer que chacun fasse, en une,  deux ou plusieurs phrases… Seul André Picat à souhaiter prendre la parole en remerciant le groupe de son soutien pendant sa maladie…

Enfin Gérard aura le mot de la fin libératoire pour l’apéro…

Une ambiance ne s’impose pas elle se créé naturellement….

Le Karaoké a été timide car les chanteurs sont trop dispersés…on se rattrapera le lendemain avec une bonne chorale à la fin des crêpes…

Décidément des fois à vouloir trop discuter on s’aperçoit que certains d’entre nous sont tombés dans l’intolérance…cela fait deux fois…les voyages devrait former la jeunesse mais ouvre t’elle suffisamment les esprits… pas toujours on dirait…je trouvais les maîstrancières bien pâlottes…tout comme nous finalement il y a trente sept ans…la mixité garçons et filles c’est bien mais ne faudrait il pas aller plus loin….? ne sommes nous pas les exemples des tatonnements que la société à faite…et continue de faire dans certains secteurs…

Mais laissons là l’habit de Don Quichotte pour revêtir  celui du débonnaire Sancho Panza….

Finalement je trouverais de bonnes danseuses de rock et l’on passera une bonne soirée….

On m’invite même à un slow….il y avait longtemps… j’évite l’émotion…. tout change…

Bonne musique …bonne ambiance…et on a finis sur le coup de deux heures avec un petit karaoké plus dans nos cordes…. Il manquait juste un petit Génépi pour bloquer tout cela….

Dimanche messe au CIN

Après avoir été enfant de cœur puis communiant et chanteur presque à tue tête à l’église de Charre (village paternel du béarn)…. Au fur à mesure que ma conscience s’éveillait (période école des mousses justement) je suis donc devenue Athée…. L’église est donc un lieux de visite ou pour les évènements importants ou finaux de la vie…

Pour le souvenir de nos amis cette messe était incontournable…ils ont été cités un par un….et j’aurais aimé que cela se termine par les « Copains d’Abord » chanté à l’unisson….

« Quand l’un d’entre eux  manquait à bord…. »

Dernière photos à la sortie de la messe de nos camarades (officiers et officiers mariniers) en tenue…avec quand même le Bachis des mousses portés par Patrick Ménéguzzi…

Encore une photo de groupe puis celle que je réclamais presque en vain… les dames, les fiancées, quelques enfants aussi présents….

On re franchit la porte des mousses… Pour la dernière fois me dit t’on.. c’est vrai je n’y avais pas pensé…il y a trente sept ans non plus…alors sait on jamais ?

Superbes idées  ce repas de Crêpes…Les bretonnes couleurs locales comme jamais….une chorale qui se met véritablement en route…et puis nos organisateurs Gérard et Philippe associées à nos deux instructeurs pour le sketch des Crépiéres…Très bon moment….

Voilà la Moussaillade 2007 se termine l’après midi avec les premiers adieux…. Des liens se sont renoués et sûrement des vies se recroiseront…..

Le temps est loin…. de nos seize ans….

Des coups de poings… des coups de sang…

Mais que cela tienne…c’est pas finis…

On peut chanter… quand le verre est bien remplis…

Vivons encore une dernière fois…

A l’amitié…l’amour…la joie….

Jean Pierre Arbouet

24 Mai 2007

Remerciements à vos femmes, à vous tous,  à tous ceux qui ont mis leur pierre dans cette Moussaillade… ce texte offert le jour de mon 53 anniversaire est aussi pour ceux qui n’ont pas pu se déplacer….

Jean Pierre Arbouet
J.P Arbouet l'auteur du texte.
Jean Pierre Arbouet
Philippe Vaudrion, Jean Pierre Arbouet, Gérard Dardé
Jean Pierre Arbouet
Jean Piere A. créateur du 1er site Ecole des Mousses70-71.